Aller passer ses vacances en Bretagne, c’est aussi s’immerger au sein d’une culture musicale riche, héritière d’innombrables siècles d’engagement des chanteurs et musiciens locaux qui ont fait sa singularité. Mais qu’en est-il exactement ?
D’où vient la musique bretonne ?
Les groupes qui se revendiquent de la musique bretonne s’inscrivent en réalité dans la lignée des musiques celtiques, elles-mêmes partie intégrante du patrimoine sonore européen. L’explication est à rechercher du côté de l’histoire : bien avant l’époque de Rome, les Celtes dominaient le continent (les Gaulois sont d’ailleurs considérés, lors de leur établissement sur les terres de la France actuelle comme un ensemble de tribus celtes). Il existait alors un groupe linguistique commun et des pratiques qui se retrouvaient sur l’ensemble du territoire occupé par ce peuple. En dépit de la latinisation, puis de l’apparition progressive des langues modernes, les dialectes se sont maintenus — notamment le breton, héritier du parler celte au même titre que le gaélique en Irlande.
Si aujourd’hui le breton est reconnu comme langue régionale en Bretagne par les autorités (qui ont longtemps cherché à l’éradiquer) et continue de se pratiquer, il faut avouer que ce dialecte est incompréhensible pour quiconque vient d’une autre région. C’est donc avant tout le rythme et les sonorités de la musique bretonne qui font sa force, et qui contribuent à insuffler de la bonne humeur à ses auditeurs. Les Fest-Noz, sortes de bals populaires où danse et concerts s’unissent, ont largement participé à garder vivantes les traditions locales.
La musique bretonne utilise un grand nombre d’instruments anciens, particulièrement les binious, le violon, la cornemuse ou encore la bombarde. L’ajout d’instruments électriques est un mouvement datant des années 70, et a marqué la montée en puissance des artistes en Bretagne.
Quels sont les artistes majeurs de la scène bretonne ?
Les années 70, ce sont les années Folk. Plusieurs groupes bretons brillent alors d’un bout à l’autre de l’Hexagone, et deviennent les fers de lance d’un regain de popularité de la musique celtique.
Parmi ces illustres noms, le premier, cité au panthéon à l’unanimité et souvent porte d’entrée à la musique celtique, Alan Stivell. Artiste chanteur au timbre vocal reconnaissable entre mille, il a repris la majorité des classiques de la musique bretonne avec d’autres musiciens pour la dépoussiérer. Pour celles et ceux qui voudraient s’initier au genre, il est la légende à connaître.
L’homme est pourtant loin d’être le seul à s’être engagé pour donner ses lettres de noblesse à la musique bretonne ! D’innombrables musiciens talentueux locaux se sont engouffrés dans la brèche. On peut notamment se pencher sur les groupes menés par Gweltaz Adeux (l’ex-chanteur/guitariste d’EV), Yann Raoul, Gérard Jaffrès ou encore Didier Squiban. Les trois « Jean » de Nantes (alias Jean-Louis Jossic, Jean Chocun et Jean-Paul Corbineau) sont également des figures reconnues dans le domaine, tout comme Dan Ar Braz.
Quels albums de musique bretonne écouter en priorité ?
Existe-t-il pour autant, en dehors de ces noms, des albums mythiques sur lesquelles on ne saurait ni ne devrait faire l’impasse ? Les amateurs de groupes de musique bretonne auront tout intérêt à prêter l’oreille aux créations de Merzhin, dont « Des heures à la seconde » fait la part belle aux arrangements et à la recherche sonore. Le « Rock’n’celtic » d’Allan Stivell constitue quant à lui un classique indémodable du genre, à n’occulter sous aucun prétexte. Son successeur « Douar Nevez », concept album centré sur l’histoire de la cité d’Ys, est régulièrement évoqué comme un indispensable des médiathèques et collections privées.
Un peu plus proche de notre époque, les productions du célèbre Tri Yann valent aussi qu’on s’y penche. Entre temps, la popularité des fest-noz a explosé, et de plus en plus de jeunes se tournent vers la musique bretonne pour s’amuser et oublier les vicissitudes ou inégalités croissantes du pays. Quant à Nolwenn, chanteuse repérée grâce à la téléréalité de Star Académie en 2002, ses albums contribuent à répandre le genre au-delà de ses frontières initiales et à toucher un public plus vaste. Enfin, il est recommandé de goûter au son de Nâtah, dont le talent d’écriture n’est plus à refaire.
Le rock breton, star de la région
Au-delà de la musique bretonne à proprement parler, la Bretagne s’impose depuis plusieurs décennies comme une terre d’élection du rock. Notamment celui qui tache, un peu sale, parfois égrillard ; bourré d’énergie, parfois de chouchen ; le genre qui dompte et exalte les foules. Certains morceaux sont devenus les hymnes de générations entières, et le flambeau se passe ainsi de groupe en groupe jusqu’à aujourd’hui.
Est-ce bien étonnant quand on sait le nombre de festivals rock en Bretagne ? L’Interceltique à Lorient, Les Vieilles Charrues et le Hellfest (en version plus hard et métal) sont autant événements où se rassembler pour les accros à la guitare électrique teintée de musique celtique revisitée. Les scènes rennaises et nantaises sont particulièrement prolifiques en la matière.
La musique bretonne, bien vivace, n’a jamais eu de cesse de se réinventer pour survivre à travers les époques. Si vous désirez passer vos vacances en Bretagne (dites « Breizh »), ne manquez aucune occasion de se rendre à un fest-noz !